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Le souvenir de l’Artaserse de 2012 plaçait d’emblée très haut la barre des attentes pour cette nouvelle proposition due à l’initiative de Max Emanuel Cencic et de sa maison de production Parnassus Arts. Le contre-ténor allait-il se révéler aussi génial metteur en scène que découvreur et producteur de talent ? L’impression globale laissée par le spectacle est nettement moins enthousiasmante que celle de 2012, mais il est vrai que la proposition paraît également plus classique tant dans le choix de l'œuvre que sur le plan vocal et scénique.

La résurrection de l’œuvre de Vinci devait autant à la qualité de la musique qu’à sa distribution hors normes et à l’extravagante mise en scène de Silviu Pucarete. Celle de Max Emanuel Cencic pour ce Siroe métastasien reste assez sage et se contente d'une approche essentiellement illustrative. Transposée dans une Perse de légende, héritée pour les costumes de l'esthétique des miniatures, elle doit finalement ses moments les plus réussis au travail du décorateur Bruno de Lavenère et du vidéaste Etienne Guiol qui, par un jeu très élaboré entre lumières, panneaux mobiles (moucharabiehs et velums) et projections vidéo inspirées de l'art décoratif persan et de ses volutes, parviennent à donner à l'action un mouvement et une profondeur spatiale intéressants mais ne peuvent compenser l'absence d'un véritable propos dramaturgique. Malgré une note d'intention qui révèle une remarquable connaissance des enjeux philosophiques du livret, le metteur en scène ne parvient pas toujours à les actualiser sur le plateau. Si certaines scènes, comme celle des remords du roi Cosroé au IIe acte – transformée en une sorte de cauchemar chorégraphique infernal –, arrivent à se hisser au niveau d'un authentique moment de théâtre, très souvent les chanteurs semblent un peu livrés à eux-mêmes, malgré une assez nombreuse figuration destinée à animer le plateau.

La musique de Hasse elle-même ne réserve que bien peu de surprises. Si sa veine mélodique est plutôt agréable, la coupe des airs reste très répétitive et l'accompagnement instrumental assez uniforme. En dehors du lieto fine habituel, elle n'offre aucun ensemble, pas même un malheureux petit duo qui viendrait en rompre la monotonie. Les grandes scènes dramatiques, comme sait si bien les construire un Haendel (lui-même auteur d'un Siroe), sont rares et peuvent se résumer à celles du rôle-titre – dont une très belle scène de prison – ou à celle du roi, déjà citée. Pour le reste, on a affaire à une enfilade d'airs virtuoses très codifiés dont l'intérêt varie souvent selon la personnalité musicale et la capacité à les faire vivre des interprètes.

La distribution est largement dominée par la Laodice spectaculaire, au registre central très puissant et aux aigus métalliques, de Julia Lezhneva à qui reviennent des airs à vocalises ébouriffants. Juan Sancho compose une figure de despote tourmenté assez convaincante en poussant sa voix de ténor aux limites de sa tessiture. Quant à Max Emanuel Cencic, il est exemplaire d'expressivité dans un rôle de victime innocente auquel il donne un superbe relief grâce à son riche médium et sa musicalité impeccable. Le reste de la distribution, s'il est d'un excellent niveau, ne laisse émerger aucune grande personnalité. George Petrou, à la tête de l'excellent ensemble Armonia Atenea aux sonorités raffinées, anime avec beaucoup de conviction une partition qui ne semble pas toujours absolument mémorable.

A.C.


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Photos de la production originale (Festival d'Athènes, juin 2014).© Bruno de Lavenere / Decca.