CD Naxos 8 660 340-42. Distr. Abeille Musique.
Adieu hyperbolique à la vocalité belcantiste, l'ultime feu d'artifice de Rossini est d'autant plus exigeant pour les chanteurs qu'il est précisément hyperbolique, conçu notamment pour le grand Filippo Galli (Assur) et la Colbran, certes instable dans le chant large mais vocaliste de haut rang. La présente captation live d'un concert donné au festival de Bad Wildbald en 2012, devant un orchestre aux bois fruités mais mal accordé, souvent brouillon en ses cordes et saisi d'accelerandi plus rossiniens qu'il ne convient, déçoit à tous égards. Les chœurs de la Camerata Bach, méritant leur nom au-delà du souhaitable, escortent une distribution tout aussi improbable au strict plan vocal. En Semiramide, Alex(andrina) Penda(tchanska), hier entendue dans cet emploi au TCE, tente de compenser par la véhémence d'aigus d'ailleurs scabreux une vocalisation relâchée et flottante. La prise de rôle de Marianna Pizzolato, charmante Cenerentola, Isabella convaincante dans L'Italienne, surexpose à l'inverse un manque d'autorité tout en confirmant une technique de belle école. Mozartien apprécié, Lorenzo Ragazzo vise trop haut, ou trop bas, en se colletant avec Assur. Le vibrato qui le déstabilise dès sa première volata, comme la manière dont il marque ensuite les échelles redoutables de sa ligne, privées de soutien, gâtent sérieusement un talent aussi réel que fourvoyé dans ce répertoire. Vibrato et demi, celui qui dont est affligé l'Oroe du jeune Andrea Mastroni, gonflé de suffisance. Mieux en règle, le ténor John Osborn rate son entrée avant de jouer tour à tour de ses suraigus et d'une voix mixte plus ou moins falsettisante, dans l'esprit du créateur du rôle, John Sinclair, contraltino léger. Sans l'abattage d'un Blake, la vigueur d'un Merritt ou le charme d'un Flórez, mais de manière diligente. Le tout vous fait un concert estimable et non une intégrale du premier rayon.
J.C.