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Rachèle Tremblay (la Sorcière), Frédérique Drolet (Gretel) et Emma Char (Hänsel).

 

Délaissant la salle historique du Monument-National, l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal a fait le choix de présenter sa production annuelle à Wilfrid-Pelletier, dont l'immense vaisseau et l'acoustique pour le moins ingrate constituent tout un défi pour de jeunes chanteurs encore peu expérimentés. Compte tenu de leur volume vocal relativement modeste et de la « verdeur » de leur timbre, ceux-ci s'en tirent honorablement et défendent leurs rôles respectifs avec conviction, sinon avec naturel. Après avoir incarné une très belle Mallika en septembre dernier, Emma Char domine la distribution en campant un Hänsel espiègle à souhait et dont la voix chaude et bien projetée fait merveille. Moins constante, Frédérique Drolet ne confère pas toujours la fraîcheur nécessaire à Gretel, quoique son réveil, au début du troisième acte, atteigne à une réelle poésie. Rachèle Tremblay est une sorcière au chant châtié, plus amusante que terrorisante. Artiste prometteur, Cairan Ryan compose un Peter plein de bonhomie, tandis que France Bellemare rend bien l'exaspération désespérée de Gertrude. Le marchand de sable et la Fée Rosée trouvent en Florie Valiquette une interprète sensible et à la voix fruitée. Si les jeunes choristes s'acquittent fort bien de leur tâche, la trentaine de musiciens de l'Orchestre métropolitain s'avèrent nettement insuffisants, en particulier dans les pupitres des cordes, pour rendre justice à la partition souvent flamboyante de Humperdinck. Ajoutons que la direction d'Alain Trudel peine à insuffler énergie et dynamisme aux musiciens. 

Outre sa collaboration habituelle avec l'École nationale de théâtre, l'Atelier lyrique s'est associé cette année à l'École nationale de cirque pour monter un spectacle qu'on aurait souhaité plus enchanteur. Le metteur en scène Hugo Bélanger évoque l'univers du conte grâce à des pages recouvertes de caractères gothiques – reprenant l'histoire des frères Grimm – qui encadrent le premier tableau, puis qui composent les arbres de la forêt. C'est là l'idée la plus heureuse d'une scénographie par ailleurs assez peu réussie : le premier acte se déroule dans un espace minuscule où les chanteurs peuvent à peine faire deux pas et la maison en pain d'épices du dernier acte est bien étriquée et manque singulièrement de couleurs et de fantaisie. La sorcière est entourée d'acolytes acrobates dont l'utilité demeure nébuleuse, mais elle-même ne simule aucune envie de voler dans les airs sur son balai magique. C'est dans la pantomime de la fin du deuxième acte que les élèves de l'École nationale de cirque ajoutent une note intéressante en se substituant aux anges du livret lorsqu'ils offrent leur divertissement au moyen d'une gigantesque couette dont ils viennent finalement recouvrir les deux enfants. Voilà sans doute le tableau le plus marquant d'une soirée qui ne tient que partiellement ses promesses.

L.B.


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Frédérique Drolet (Gretel) et Emma Char (Hänsel). Photos : Yves Renaud.