Roberta Invernizzi (Aci), Blandine Staskiewicz (Galatea), Lisandro Abadie (Polifemo). La Risonanza, dir. Fabio Bonizzoni (2012).
CD Glossa GCD 921515. Distr. Harmonia Mundi.

La Risonanza couronne sa collection de « cantates italiennes » du Saxon (près d'une dizaine de volumes parus depuis 2005 chez le même éditeur) par un enregistrement qui sort un peu du cadre exploré : bien que la page de garde d'Aci, Galatea e Polifemo (Naples, 1708 - à ne pas confondre avec l'Acis & Galatea de 1718, en anglais, totalement différent) n'ait pas été conservée, il est probable que nous ayons affaire ici à une sérénade et non plus à une cantate. C'est-à-dire à une œuvre destinée à une réjouissance officielle (ducale, voire vice-royale), à une représentation en extérieur, peut-être même avec mise en scène - ce qui explique que, depuis son exhumation, il y a moins de trente ans, on ait parfois été tenté de la représenter (voir la production assez ratée de Livermore, en 2010, chez Dynamic). Réellement dramatique en dépit de ses dimensions modestes, l'ouvrage ne fait appel qu'à trois solistes (un castrat soprano pour le rôle d'Acis, une contralto pour celui de Galathée et, en Polyphème, une phénoménale basse capable de couvrir pas loin de trois octaves !) mais à une riche orchestration : le premier défaut de la présente version semble donc résider dans le choix d'un « effectif de poche » (quinze musiciens), suffisant, certes, pour interpréter toutes les parties et les mettre en valeur, mais non pour rendre justice aux pages les plus dramatiques (entrée du géant, trios). D'autant que, si le continuo se distingue par son tact et son raffinement, certains solistes instrumentaux (hautbois, violoncelle) manquent passablement de charisme. C'est plus vrai encore des trois voix choisies, fort agiles, précises et douées pour l'ornementation, mais trop sous-dimensionnées et limitées dans le grave : le baryton Lisandro Abadie ne parvient guère à faire illusion dans l'abyssal « Fra l'ombre » et, surtout, Blandine Staskiewicz, seconde soprano au timbre assez nasal, n'a rien de l'alto charnelle réclamée par son rôle. La version nettement plus luxueuse mais assez superficielle d'Emmanuelle Haïm (Virgin, 2002) nous ayant aussi déçu, reste à espérer la réédition de celle de Charles Medlam (HM, 1986).

O.R.