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George Petean (Enrico), Cornelia Oncioiu (Alisa), Sonya Yoncheva (Lucia) et Michael Fabiano (Edgardo).

La reprise de Lucia di Lammermoor à l’Opéra Bastille se poursuit, partagée entre deux distributions. La première était assurée avec brio par le cast A (lire ici); la distribution d’alternance est également de belle eau, même si elle ne se hisse pas sur les mêmes sommets. La Lucia de Sonya Yoncheva est aisée et puissante, riche d’un medium plein et bien négocié, brillante surtout. Qualités qui ont leurs défauts: elle manque de poésie, de fragilité et d’audace dans les demi-teintes – rarement tentées. L’actrice est technicienne – trop parfois, comme lorsque les revirements soudains d’états mentaux parcourant sa scène de folie semblent démonstratifs plus que réellement vécus, ou pendant toute sa première scène, minaudante plutôt que touchante. Le succès est au rendez-vous, pour de chaleureux applaudissements que la soprano reçoit en de rayonnants sourires: alors, malgré l’interprétation vocale de haut niveau, on se souvient de la défonce scénique de Patrizia Ciofi, de ses saluts où la joie est consumée par l‘incarnation... et d’une émotion d’un autre rang. Léger déséquilibre en revanche pour le couple fraternel: la Lucia de Ciofi était impeccablement écrasée par la puissance de Tézier et sa raideur pesante; celle de Yoncheva s’avère, elle, plus tonique que l’Enrico trop modéré et souple de George Petean. Quant à Edgardo, il faut découvrir la proposition de Michael Fabiano, aussi intérieure que Vittorio Grigolo était extraverti: sa haute silhouette longiligne en manteau miliataire– succédant au latin lover en marcel moulant – sert un personnage finement pensé. Cet Edgardo-là aime, est déchiré de douleur, mais aussi d’humiliation et de colère – même face à Lucia. Son chant paraît parfois contraint dans la nuance, mais se déploie remarquablement dans les élans lyriques; peu latin certes, mais très stylé, et prenant. Notons d’étranges errances techniques, en ce soir du 17 septembre, au niveau des éclairages – souvent en retard ou carrément en faux-départ. Un fantasma surgi dans les coulisses?

C.C.

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Sonya Yoncheva (Lucia) et Michael Fabiano (Edgardo). Photos © Opéra national de Paris/ Mihaela Marin