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En bas : Sophie Koch (Alceste, avec ses enfants). En haut : Marie-Adeline Henri, Stanislas de Barbeyrac, Bertrand Dazin et Florian Sempey (Coryphées).

 

« La Mort n’existe pas », clame un des aphorismes inscrits dans le décor par les protagonistes au fur et à mesure de la représentation. De fait, Olivier Py semble curieusement avoir sapé les enjeux les plus dramatiques et profonds d’Alceste : pour une fois, sa métaphysique du sacrifice n’est pas exaltée par le metteur en scène, mais au contraire réduite à un artifice (celui de la médecine pour un Oracle-Docteur, ou celui de la prestidigitation pour un Hercule-Magicien). Est-ce donc la « Musique [qui] sauve » ? Faire du Palais Garnier le décor imaginaire de l’action repose sur un clin d’œil trop prétexte (le groupe sculpté de Millet situé au faîte de l’Opéra, et figurant notamment Apollon, celui-là même qui préside aux destinées des protagonistes), et faire de la fosse d’orchestre l’antre des Enfers crée un bel effet de surprise au lever du rideau du III, quand on découvre Les Musiciens du Louvre-Grenoble installés sur le plateau, mais déséquilibre par trop l’acoustique des chœurs désormais en contrebas – et de dos. Sans cesse dessinée à la craie en temps réel puis effacée dans l’instant, la scénographie de Pierre-André Weitz évoque avec poésie l’éphémère des affects qui traversent Alceste de part en part : déplorations et réjouissances alternent en un cycle continu que ce propos presque joueur (on verra même Admète et Alceste se pousser du coude pour pénétrer en premier aux Enfers) rend finalement indifférent au spectateur.

Jamais indifférente, en revanche, la direction de Marc Minkowski, qui agit le drame avec un remarquable sens du timing, des couleurs et des dynamiques – jusqu’à l’infime pour un sublime « Parez vos fronts de fleurs nouvelles », ou un « Pleure, ô Patrie » qui fuit le pathos pour se tenir sur la corde des larmes intérieures : remarquables chœurs du Louvre-Grenoble ! Le plateau vocal réserve des surprises plus inégales : beau quatuor de Coryphées, même si le soprano de Marie-Adeline Henry y semble un peu grossi ; Evandre racé et aisé de Stanislas de Barbeyrac ; Oracle bien tenu de François Lis ; Grand-Prêtre d’Apollon souverain de diction et de chant châtié avec Jean-François Lapointe… et son exact opposé avec l’Hercule de Frank Ferrari. Yann Beuron, finalement Admète après la défection de Roberto Alagna, sert Gluck de son style sûr et noble – sa tessiture et son timbre trouvant néanmoins leurs limites dans les aigus, certes assumés mais au prix de la rondeur et de la ligne. L’Alceste de Sophie Koch semble plus étrangère à cet univers vocal : la diction est souvent floue, certaines voyelles absorbées par des consonnes très anticipées sans être pour autant plus audibles ; les graves paraissent difficultueux, les aigus efforcés… L’instrument est endurant et l’artiste attachante, mais l’aisance reste relative, et l’adéquation à cette écriture fait question.

Pour la retrouver ainsi qu’Olivier Py, rendez-vous… au TCE, en décembre, pour Dialogues des Carmélites ! Mais avant cela, le metteur en scène signera aussi la production d’Aida à l’Opéra Bastille…

C.C.

Voir aussi notre édition d’Alceste : ASO n° 256

et notre numéro Opéra et mise en scène : Olivier Py : ASO n° 275


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Sophie Koch (Alceste), Yann Beuron (Admète) et les Chœurs des Musiciens du Louvre Grenoble. Photos OnP / Agathe Poupeney.