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Christopher Ventris (Cola Rienzi), Emily Magee (Irène), Sophie Koch (Adriano), Martin Gantner (Paolo Orsini), Georg Zeppenfeld (Steffano Colonna), Benjamin Bernheim (Baroncelli), Oliver Zwarg (Cecco del Vecchio) et l'Orchestre des Jeunes Gustav Mahler sous la direction de Philippe Jordan. Photo Silvia Lelli.

 

Second opéra de Wagner au programme du festival, Rienzi n’a pas eu les honneurs de la scène. Il y avait pourtant plus de théâtre au Manège des rochers que sur les planches du grand Festpielhaus pour Les Maîtres Chanteurs. Philippe Jordan nous a offert ce dont Daniele Gatti nous a privés : une direction à la fois claire et flamboyante, quasi haletante, avançant sans cesse, galvanisant un Orchestre des Jeunes Gustav Mahler enthousiaste – on n’a jamais senti une telle urgence dans la fosse de Bastille ! Ramenée à trois heures et demie de musique, l’œuvre a formidablement tenu le coup, avec ses pompes, ses défilés, ses anathèmes et son ballet tout droit venus du grand opéra à la Meyerbeer, où le chef n’est jamais tombé dans le pompiérisme. Grâce aussi au superbe chœur de l’Opéra de Vienne – avec le héros, l’autre protagoniste du « grand opéra tragique ». Christopher Ventris, malgré un allemand parfois exotique, assume avec autant de style que de vaillance l’impossible rôle-titre, gardant jusqu’au bout sa santé vocale, donnant au « dernier des tribuns » des accents douloureux qui montrent bien qu’il anticipe Tannhäuser. Souvent terne, Emily Magee s’est dépassée en Irène, même si le dernier acte l’a parfois mise à rude épreuve. Mais Sophie Koch l’a surclassée, toujours aussi souveraine dans les travestis allemands : un Adriano rayonnant d’héroïsme amoureux, d’une parfaite homogénéité de registres pour un rôle souvent tendu entre les extrêmes. Excellents seconds rôles, du Colonna vengeur de Georg Zeppenfeld à l’impeccable Baroncelli du jeune Benjamin Bernheim. Qui l’eût cru ? Le triomphe salzbourgeois de Wagner n’a pas été Les Maîtres, mais Rienzi en version de concert.

D.V.M.

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