En ce jour exact du 130e anniversaire de la mort de Richard Wagner, dont l’année coïncide en outre avec le bicentenaire de sa naissance largement célébré, l’Opéra de Rennes programmait en son écrin romantique (inauguré en 1836) une Walkyrie concertante, selon une version à l’orchestration allégée, destinée par Wagner au petit théâtre de Cobourg. Si l’Orchestre symphonique de Bretagne révèle des limites en termes de fusion des pupitres et de précision des attaques, la direction à la fois nette et fougueuse de Claude Schnitzler le mène néanmoins à un bel engagement qui prend, dans les dimensions intimistes du théâtre, une sympathie particulière. La distribution vocale nous gratifie d’un « opéra en concert » finement interprété : à l’exacte croisée du jeu scénique et de la distance récitaliste, chacun laisse transparaître un théâtre intérieur vibrant, pour une Walkyrie touchante, d’une émotion de la proximité que les grands plateaux peinent souvent à conserver. Le Wotan de Willard White est égal à lui-même : charbonneux parfois dans le timbre ou la diction, mais d’une présence magnétique. Face au Siegmund tonique de Donald Litaker – au ténor d’émission haute et intense, bien tenue –, Claire Rutter est une Sieglinde rayonnante et aisée, d’une candeur frémissante et veloutée. Fricka un peu étroite mais élégante de Kristina Hammarström ; seule vraie déception, le Hunding oublieux – attitude de dandy mais chant peu raffiné – de Patrick Simper. Enfin, Brünnhilde juvénile et fraîche de Catherine Hunold : le medium s’éteint un peu derrière une véhémence aiguë généreuse – sans débordement déplacé toutefois –, mais la Walkyrie est dessinée avec entrain et caractère. A l’image d’une soirée attachante.

C.C.

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