CD CPO 777 029-2. Distr. DistrArt.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette opérette a été enregistrée à Vienne le 15 mars 1945. Alors que les bombes alliées dévastaient la ville, la radio viennoise proposait en guise d'antidote un ouvrage de Lehár qui évoque les amours de Jupiter et d'Amphitryon. Cette version du Göttergatte, qu'on peut traduire par Le Mari divin, constitue le dernier coffret d'une série d'intégrales que dirigea le compositeur en 1942-43, avant de devoir laisser la baguette à Max Schönherr pour cause de maladie. Créé au Carl-Theater en 1904 avec Mizzi Günther (la première Hanna Glawari de La Veuve joyeuse), ce Göttergatte est la troisième opérette de Lehár et connut un succès modeste avec 37 représentations. Ne s'avouant pas vaincu, le compositeur révisa l'œuvre une première fois en 1913, puis enfin en 1921. Peine perdue : même sous les nouveaux titres Die ideale Gattin et Die Tangokönigin, l'ouvrage ne parvint jamais à s'imposer au répertoire. On comprend pourquoi à l'écoute de ces disques, qui font entendre une musique bien écrite, allègre, voire même souvent pimpante, sans qu'aucune mélodie ne s'incruste cependant dans notre oreille. La seule exception se trouve au deuxième acte, dans l'air d'Amphitryon « Wachst du, Liebchen ? », que Dermota interprète d'ailleurs avec infiniment de charme. Vedette incontestable de cette unique version discographique, le ténor est entouré d'une Henny Herze absolument délicieuse en Alcmène, d'une Junon (Liesl Andergast) au timbre très pointu et d'un Jupiter (Franz Borsos) extrêmement léger. Le chef dirige un orchestre et un chœur honnêtes qui ne peuvent conférer beaucoup d'intérêt à cette œuvre mineure, qui annonce bien timidement La Veuve joyeuse et Le Pays du sourire.
L.B.